Me voyant en difficulté pour trouver un titre pour cette nouvelle chronique, la rédactrice en chef s’est approchée. J’ai cru, un instant, par naïveté, qu’elle arrivait à ma rescousse. Hélas, j’allais vite déchanter.
« Alors as-tu trouvé un titre pour ta nouvelle chronique, » me dit-elle.
Je lui réponds imprudemment : « J’avais pensé, en raison du peu de concerts auxquels j’ai assisté, à « Une semaine Light » mais j’ai eu peur qu’on me prête l’idée de me lancer dans un article sur la diététique. J’allais donc me rabattre sur « Une semaine a minima ». Qu’en penses-tu ? »
« A minima cela me semble plutôt s’appliquer à ton imagination ! »
« Merci, je sens que tu vas m’aider. En plus j’avais envie de pousser un cri de colère contre les autorités spirituelles et temporelles de la Russie qui ont tiré à boulet rouge sur « CHARLIE » pour ses dessins sur la catastrophe aérienne du 31 Octobre dernier. »
« Dis Olivier, la politique c’est notre domaine, le tien c’est la musique, compris. »
« OK, je ne suis pas Poutine je suis Charlie ! »
« A combien de concerts as-tu assisté cette semaine ? »
« Deux. »
« C’est la semaine des vaches maigres ! »
« Tu crois que je peux utiliser cela comme titre ? »
« Très drôle. Où es-tu allé cette semaine ? »
« Mercredi 4 Novembre, je suis allé à l’Atelier du Plateau pour écouter HARVEST ».
« Aaaaah ! Après le politologue tu joues au paléontologue ! HARVEST, je l’ai découvert au début des années 80, je devais avoir 18-20 ans. Et toi ? »
« Moi, en temps réel. HARVEST, album mythique de Neil YOUNG date de 1971. Mais dis donc, en comptant bien, si tu l’écoutais à 18-20 ans au début des années 80, tu n’es plus de première jeunesse. »
« Merci pour ta délicatesse. Je suppose que ce sont des musiciens plus jeunes que nous qui se sont attaqués à ce répertoire. Qu’est-ce qu’il leur a pris ? »
« C’est vrai qu’en 1971 ils n’étaient pas nés. Comme disait mon père ils n’étaient même pas un frémissement dans les mollets de leurs géniteurs. Tout d’abord il faut savoir que ce projet a été initié par le guitariste Guillaume AKNINE qui s’est entouré de deux acolytes de haut vol, Jean DOUSTEYSSIER et Jean-Brice GODET, clarinettes. J’avais déjà parlé de ce projet quand il avait été présenté pour la première fois au festival Tricollectif de cette année.
« Ah oui, je m’en souviens. D’ailleurs, c’est à cette occasion qu’un des clarinettistes t’avait dit que tu faisais partie d’une certaine génération puisque tu connaissais HARVEST depuis sa sortie ! »
« Tu n’en loupes pas une, c’était en « off » que je t’en avais parlé ! Pour la délicatesse je crois que j’ai de la concurrence ! Pour en revenir au concert, c’était la deuxième fois que le projet était présenté. »
« Comment était-ce ? »
« Cela a commencé par de l’harmonica, cela s’est poursuivi avec une guitare et deux clarinettes, basses puis communes. On a eu droit à un « petit bidouillage » de la part de Jean-Brice GODET. A un moment donné, Guillaume AKNINE s’est emparé d’un banjo pour en jouer avec un archet. Et cela s’est terminé par un trio de guitares. La relecture s’est révélée, comme la première fois, singulière avec des évocations et des suggestions de l’œuvre originale. Cela m’a paru plus abouti que la première fois. J’ai beaucoup aimé. Je n’ose imaginer comment sera le troisième concert. Un enregistrement est même prévu. »
« N’y avait-il pas un petit côté iconoclaste ? »
« Pose-leur la question. »
« Tu sais que j’adooore les iconoclastes ! »
« Veux-tu savoir où j’étais vendredi 6 Novembre » ?
« Tu ne serais pas allé à la Dynamo pour changer ?!?! »
« Oui et c’était une belle soirée. Avec en première partie, « Or Tie », un duo de chenapans se nommant Elodie PASQUIER, clarinettes, et Grégoire GENSSE, piano préparé, jouant une musique inclassable, tantôt sage et légère, tantôt déchainée et tumultueuse ! Un régal. »
« Je vais être gentille, je vais t’épargner toutes les plaisanteries que m’inspire le nom du duo. »
« Ça te démange ? »
« C’est malin ! Qu’y avait-il en deuxième partie ? »
« Il y avait le quartet du batteur Nasheet WAITS, fils du remarquable batteur Freddie WAITS qui fut le compagnon de route, notamment, de Mac Coy TYNER, de Wayne SHORTER, de Bobby HUTCHERSON et de Freddie HUBBARD. »
« Oh zut ! Tu nous refais une crise de paléontologie. Tu devrais aller consulter au Museum d’Histoire Naturelle ! »
« Je vais craquer. Nasheet WAITS avait pour partenaires Aruan ORTIS, piano, Mark HELIAS, contrebasse, et Darius JONES, saxophone alto, qui me fait penser physiquement à Arthur BLYTHE. Du jazz de première classe. Je ne t’ai pas vue, tu étais encore à une réunion TUPPERWARE ?
« C’est malin. Referme la porte du musée et va prendre tes gouttes pour t’éviter de fossiliser. »
Décidément il faut avoir de la constance pour travailler pour ce journal de « ritals !
A bientôt, peut-être.
Olivier BENIZEAU