Eh oui je sais bien que j’ai déjà utilisé cette figure de style pour formuler un titre. Faire allusion à Marathon et à son symbole d’annonciation d’une victoire colle bien à ma dernière semaine de novembre. Pourtant c’est le visage « défait » que le lundi 26, je suis sorti du Studio de l’Ermitage à l’issue du concert d’Ana Carla Maza, fille du musicien poly instrumentiste réputé, Carlos Maza. A l’origine, ce concert devait avoir lieu le lundi 19 mais il avait été reporté une semaine après à cause d’une coupure de courant comme EDF en a le secret. Peut-être aurais je dû interpréter ce report comme un signe du destin et donc renoncer ! Le concert d’Ana Carla Maza coïncidait avec la sortie de son premier EP, sans doute le début de l’émancipation par rapport à l’univers musical paternel. Accompagné d’un guitariste-claviériste et d’un percussionniste jouant les « utilités », cette jeune artiste au talent indéniable tant instrumentalement que vocalement, nous a servi une sorte de variété brillant plus par la facilité que par l’originalité. « Etiqueté » électro-jazz, le concert pouvait être classé « Electro nase ». Dommage !
Heureusement, la suite de la semaine a été plus réjouissante. Le mardi 27 à l’Atelier du Plateau à Paris (19ème), c’était le percussionniste Sylvain Lemêtre qui se produisait en solo. A cette occasion, l’artiste s’est fait conteur, maniant l’humour et variant les sons avec des percussions insolites. Ce spectacle intitulé « Sonore Boréale » a effacé ma déception de la veille. Décidément Sylvain Lemêtre est un merveilleux « poly sons ».
Le lendemain, dans la même salle, c’était au tour du trio « Ikui Doki », avec Sophie Bernado, basson, voix, Raphaëlle Rinaudo, harpe amplifiée, et Hugues Mayot, clarinette et saxophone ténor, de nous enchanter. Le répertoire interprété par cette formation s’inspire des compositeurs français du début du 20ème siècle. L’instrumentation atypique produit une musique inclassable alternant entre sonorités proches du free jazz et mélodies plus traditionnelles. L’univers d’Ikui Doki est tout à fait fascinant.
Il faut signaler que Sophie Bernado et Sylvain Lemêtre sont accueillis en résidence, pour la saison 2018/2019, à l’Atelier du Plateau qui, lui-même, fêtera ses vingt ans l’année prochaine.
Vendredi 30 Novembre, au Triton aux Lilas (93), « l’immense » batteur Daniel Humair proposait un concert en trio, sans piano ni contrebasse, mais avec guitare électrique (Pierre Durand) et saxophones (Vincent Lê Quang). Avec cette instrumentation inhabituelle, sous l’impulsion de Daniel Humair, les compositions jouées ont été variées en rythmes et en sonorités, l’improvisation étant privilégiée. La musique jouée a été, en définitive, le reflet de l’idée que le leader se fait du jazz : totalement ouverte. Un régal !
Olivier BENIZEAU